L’ancienne députée kurde Leyla Güven, reconnue coupable d’appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a été condamnée par un tribunal turc pour des faits de « terrorisme ».
A peine deux ans après sa remise en liberté conditionnelle, l’ancienne députée kurde Leyla Güven a, à nouveau, été condamnée par un tribunal turc. Elle écope d’une peine de vingt-deux ans et trois mois de prison pour « terrorisme ».
Déjà déchue de son mandat de députée en juin dernier, Leyla Güven, 56 ans, est la coprésidente du Congrès pour une société démocratique (DTK), un organisme que le gouvernement turc accuse d’être lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé organisation terroriste. L’ancienne députée a ainsi été reconnue coupable, par le tribunal, d’« appartenance à un groupe terroriste » et de « propagande » en faveur de cette organisation.
« Un droit de l’ennemi envers les Kurdes »
Alors qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre l’ex-députée, qui comparaissait libre, son avocat a d’ores et déjà fait savoir qu’elle envisageait de faire appel du verdict. « Ma mère a été condamnée pour ses activités en lien avec le DTK, qui était autrefois considéré comme un interlocuteur par les autorités », a réagi Sabiha Temizkan, la fille de l’ex-députée, sur Twitter.
https://twitter.com/sabihatemizkan/status/1340944896241377280?s=20
« Cette condamnation est l’exemple concret de l’application d’un droit de l’ennemi envers les Kurdes », a estimé de son côté Ebru Günay, députée et porte-parole du Parti démocratique des peuples (HDP) auquel Leyla Güven appartenait et dont elle était députée.
La déchéance de son mandat, en juin dernier, répondait d’une précédente condamnation, déjà en raison de son « appartenance à une organisation terroriste armée ». Elle avait été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l’offensive militaire turque en cours dans l’enclave à majorité kurde d’Afrin dans le nord de la Syrie.
D’autres membres du HDP emprisonnés pour « terrorisme »
Emprisonnée, elle avait lancé un mouvement de grève de la faim dans les prisons en novembre 2018 pour protester contre les conditions de détention du leader kurde Abdullah Öcalan, l’un des fondateurs du PKK. Massivement suivi, le mouvement avait pris fin en mai 2019, et l’ancienne députée avait bénéficié d’une remise en liberté conditionnelle en janvier 2019.
Le pouvoir turc accuse le HDP d’être une « vitrine politique » du PKK, une accusation rejetée par le parti prokurde qui se dit victime de répression en raison de sa farouche opposition au président turc. Selahattin Demirtas, ancien dirigeant emblématique du HDP, est détenu depuis novembre 2016 pour des accusations en lien avec le « terrorisme ».
(Le Monde)