L’Union des Femmes Socialistes (SKB) a organisé à Paris, en France, une table ronde intitulée “Lutte des femmes contre les mouvements racistes et fascistes”.
L’événement s’est tenu dans le local d’ACTIT, affilié à AVEG-KON, et a accueilli comme intervenante Esra Asiye Güden, coprésidente d’AVEG-KON.
Esra Asiye Güden a souligné que, ces dernières années, en Europe, les politiques de droite ainsi que les organisations racistes, sexistes et fascistes ont accru leur potentiel électoral jusqu’à intégrer les gouvernements.
Elle a affirmé que les partis et mouvements d’extrême droite, en France et en Europe, mettaient en œuvre des politiques centrées sur l’État-nation, fondées sur l’islamophobie et l’hostilité envers les migrant·es.
Dans son exposé, Güden a déclaré :
“Afin d’assurer la survie du système capitaliste patriarcal et, plus particulièrement, de la domination du capital financier, il est nécessaire de renforcer la fusion organique entre sexisme et racisme, afin de canaliser la colère des opprimé·es contre d’autres peuples, croyances, femmes et personnes LGBTI+. C’est à la fois une priorité idéologique et une condition de survie pour le fascisme. La profondeur de la crise de la société capitaliste se manifeste aujourd’hui à travers le racisme et le sexisme.”
LA POLITIQUE SEXUELLE DU FASCISME
Güden a attiré l’attention sur les points suivants : “Dans les expériences fascistes en Italie et en Allemagne, les femmes travailleuses ont constitué la réponse au besoin de main-d’œuvre bon marché du capital. En effet, la perte massive d’hommes pendant la Première Guerre mondiale n’a pu être compensée qu’en augmentant les taux de natalité et en intégrant davantage les femmes dans le processus d’accumulation du capital.
La “nature” féminine, considérée physiologiquement comme donnée, fut à la fois rabaissée comme une “question de nature” par des dirigeants fascistes tels que Mussolini, Hitler ou, aujourd’hui, Recep Tayyip Erdoğan, et en même temps exaltée pour sa fécondité nécessaire à la poursuite de la production. C’est une politique hypocrite, toujours d’actualité à travers diverses politiques d’incitation à la natalité.”
“Au début du XXe siècle, un mouvement féministe s’était développé autour de la lutte pour le droit de vote. Avec l’arrivée des régimes fascistes, la revendication d’égalité des femmes fut propagandée comme un argument “bolchevique subversif” et “un marécage à assécher”. Le ministre de la propagande nazie, Goebbels, alla même jusqu’à déclarer, lorsque la suppression progressive du droit de vote des femmes fut envisagée : “Nous avons retiré ce droit parce que nous respectons les femmes.” Selon lui, il fallait “les protéger de la saleté de la politique”.
“Ainsi, en endossant un rôle de “sauveur”, le Führer, le Duce ou le “père” devinrent des modèles jusque dans les foyers, les régimes fascistes s’efforçant de faire du chef masculin l’idéal de l’homme domestique.”
Güden a également détaillé comment les régimes fascistes ont restreint le droit à l’avortement, l’accès des femmes à l’espace public et aux emplois qualifiés, ainsi que l’égalité dans l’éducation et comment les différents groupes de femmes, selon leur classe sociale, ont réagi face à ces attaques.
LES POLITIQUES DES RÉGIMES FASCISTES ACTUELS
“La base sociale des mouvements fascistes est composée de la petite bourgeoisie, des chômeurs, des ouvriers et des travailleurs”, a déclaré Esra Asiye Güden, avant de poursuivre :
“Aujourd’hui encore, nous voyons les partis racistes et fascistes utiliser des discours de gauche pour accroître leur popularité ou accéder au pouvoir. Depuis la crise mondiale de 2008, la formation de nouveaux mouvements fascistes s’explique par le fait que la mondialisation impérialiste considère désormais le monde entier comme une usine et un marché uniques. Le système capitaliste patriarcal, confronté à une crise existentielle, cherche une issue à travers ces nouveaux mouvements fascistes, adoptant des politiques plus agressives et répressives pour écraser les révoltes populaires et la montée de l’opposition.”
“Avec la montée du fascisme, la violence et les oppressions faites aux femmes se sont accrues, tant dans la sphère domestique que dans l’espace public. Comme dans les précédentes expériences fascistes, on cherche à soumettre les femmes, à glorifier la féminité docile et à supprimer certains acquis.
La Hongrie et la Pologne ont interdit l’avortement ; en Turquie, ce droit est progressivement restreint.
Les régimes fascistes exaltent sans cesse la famille traditionnelle, les rôles de genre et l’hétérosexisme pour assurer leur survie. En diabolisant les personnes LGBTI+, ils attaquent gravement leurs droits fondamentaux. De Trump à Erdoğan, nombreux sont les dirigeants fascistes et réactionnaires qui attisent la haine anti-LGBTI+.”
“Ces régimes fascistes mènent également des attaques meurtrières contre les forces de lutte armée et les femmes militantes en première ligne, comme on le voit en Inde, aux Philippines, en Turquie, au Kurdistan et en Palestine. Les assassinats de femmes révolutionnaires et de militant·e·s LGBTI+ dans ces pays montrent une fois de plus que les femmes sont au cœur des cibles du fascisme.”
La table ronde s’est ensuite penchée sur les politiques misogynes des partis racistes et fascistes en France, notamment celles du Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen, présentée comme une figure féminine du fascisme contemporain.
L’événement s’est conclu sur un appel à renforcer la lutte unitaire des femmes contre les attaques patriarcales et fascistes, suivi d’un échange de questions et de réflexions avec le public.












